Bruit au travail : la proportion de salariés gênés augmente
La 9e édition de la campagne nationale "Semaine de la Santé Auditive au Travail" est l'occasion de se rendre compte que plus de 6 actifs sur 10 se disent gênés par le bruit et les nuisances sonores sur le lieu de travail.
Un phénomène qui prend de l’ampleur. L’Association nationale de l’audition a publié le 3 octobre les résultats d’une enquête commandée à l’Ifop sur le bruit au travail.
Le principal enseignement est le fait qu’en 2024, 62 % du millier d’actifs interrogés affirment être gênés par le bruit, les nuisances sonores sur leur lieu de travail. Un taux qui a augmenté de 10 points en 1 an.
Voyons les résultats de cette enquête en détail, dévoilés à l’occasion de la campagne « Semaine de la Santé Auditive au Travail ».
Les tranches d’âge concernées de manière égale
D’abord, il faut battre en brèche l’idée selon laquelle la tranche salariée la plus âgée est concernée. En effet, 64 % des actifs de moins de 35 ans se disent gênés, comme 63 % des 35-49 ans et 59 % des 50 ans et plus.
En ce qui concerne les métiers par secteur, la distribution est plus hétéroclite puisque BTP-Construction et agriculture/industrie sont les plus touchés, avec respectivement 82 % et 72 % de salariés se disant gênés par le bruit. Et les personnes en poste en open space le sont aussi particulièrement (73 %).
De manière générale, plus de la moitié des actifs dans le commerce (55 %), les services (58 %) et l’administration (62 %) se disent gênés par le bruit. Le travail en flex office (65 %), en bureau fermé (62 %) ou majoritairement en télétravail (56 %) n’offre pas une protection suffisante contre cette gêne sonore.
Bruit au travail : quelles conséquences ?
Pour le Président de l’association, le Professeur Jean-Luc Puel, « ce nouveau baromètre (…) montre que les nouveaux modes de travail ne résolvent pas le problème et qu’il existe un lien de corrélation entre les difficultés auditives engendrées par le bruit et les expositions sonores au travail et la santé mentale ».
Ce que les salariés interrogés indiquent en termes de répercussions psychologiques, ce sont celles liées à la fatigue (60 %) et au stress (50 %). Mais aussi aux troubles du sommeil (33%), voire à l’hypertension (22 %), .
Des répercussions auditives
Sur le volet strictement auditif, tout le monde ou presque est concerné mais certains salariés le sont davantage :
- 37 % des actifs occupés déclarent souffrir d’une diminution temporaire de la compréhension de la parole, un problème qui affecte majoritairement les salariés du BTP (52 %). Ceux travaillant en atelier, sur des chantiers ou des chaînes de production sont également très exposés (46 %)
- 32 % des actifs rapportent avoir souffert de sifflements ou d’acouphènes, touchant plus fréquemment les ouvriers (39 %), les travailleurs de la banlieue parisienne (41 %), ainsi que ceux en atelier, sur des chantiers ou des chaînes de production (40 %)
- Enfin, près d’un quart des actifs (24 %) sont touchés par la surdité, une condition qui affecte davantage les hommes (28 %) et les travailleurs en atelier, sur des chantiers ou des chaînes de production (35 %).
Comment les employeurs réagissent-ils ?
Alors qu’à peine 1 salarié sur 4 a déjà demandé un équipement de protection individuelle, que 22 % d’entre eux ont déjà consulté un médecin à ce sujet, et que la moitié n’a fait aucune démarche pour se prémunir du bruit, quid des employeurs ?
Selon l’Association Nationale de l’Audition, la prise en compte de cet enjeu par les employeurs doit être améliorée. En pratique, un peu plus de la moitié des actifs occupés ont bénéficié de solutions proposées par leur employeur (53 %). Les entreprises investissent principalement dans des équipements adaptés : 31 % des actifs indiquent avoir reçu des protections individuelles contre le bruit, tandis que 28 % se sont vus proposer des casques de communication spécifiques.
Par ailleurs, 23 % des travailleurs témoignent que des aménagements ont été réalisés pour atténuer le bruit, notamment par la création d’espaces dédiés à l’isolement ou la réorganisation des lieux existants. Enfin, 21 % des employeurs ont offert des sessions d’information et de sensibilisation, et 20 % ont proposé des dépistages auditifs.
Des chiffres encore faibles et pourtant, résume l’association, « la réduction du bruit au travail doit devenir un axe majeur dans l’ensemble de l’économie ».