Les Français, rois du bureau : pourquoi le télétravail ne détrône pas le présentiel ?
Les Français sont-ils allergiques au télétravail ? Une étude récente de JLL révèle qu'ils préfèrent largement le bureau. Découvrez pourquoi !
Le télétravail a le vent en poupe, surtout depuis la pandémie de COVID-19 qui a bouleversé nos habitudes professionnelles. Mais une étude récente du cabinet de conseil en immobilier JLL nous révèle une tendance surprenante : les Français sont les champions européens du travail en présentiel. Alors, pourquoi cette préférence marquée pour le bureau ? Plongeons dans les chiffres et les faits pour le découvrir.
3,5 jours au bureau : les Français décrochent la médaille d’or du présentiel en Europe
Selon l’étude de JLL, les salariés français passent en moyenne 3,5 jours par semaine au bureau. Ce chiffre est nettement supérieur à la moyenne européenne. Pour mettre ces données en perspective, prenons quelques exemples. Les Suisses, qui occupent la deuxième place, sont au bureau 3 jours par semaine. Les Britanniques et les Espagnols sont encore plus en retrait, avec respectivement 2,6 et 2,5 jours de présence au bureau.
Si les Français passent autant de temps au bureau, ce n’est pas un hasard. La culture joue un rôle clé dans cette tendance. « En France, on se montre davantage devant le chef, devant la direction« , analyse Flore Pradère, directrice de recherche sur les nouveaux modes de travail chez JLL. Mais ce n’est pas tout.
Les Français tiennent à leurs pauses-déjeuner entre collègues et à la socialisation au travail. « La pause déjeuner, par exemple, est chez nous un vrai moment de convivialité, alors que dans le monde anglo-saxon, elle est purement utilitaire« , ajoute Flore Pradère.
Télétravail ou présentiel : la tendance est plutôt au travail hybride
Le télétravail offre indéniablement des avantages en termes de flexibilité et d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Cependant, il présente aussi des limites, notamment l’isolement social et la difficulté à séparer le travail de la vie personnelle.
À l’inverse, le travail en présentiel permet une meilleure collaboration et socialisation mais peut être contraignant en termes de temps de trajet et de coûts associés. Le coût du logement n’est d’ailleurs pas à négliger dans cette équation. « Plus le prix du logement est élevé, plus les collaborateurs vont avoir tendance à s’éloigner pour avoir plus grand et à demander du télétravail« , résume Frédéric Goupil de Bouillé.
Dans des métropoles comme Londres, New York ou San Francisco, où les prix de l’immobilier sont exorbitants, le télétravail devient une option plus attrayante. Cependant, en France, même si les prix sont élevés, ils ne semblent pas suffisants pour dissuader les salariés de se rendre au bureau.
C’est pourquoi le modèle hybride, combinant travail à distance et en présentiel, semble être la voie du milieu. Il offre aux salariés la flexibilité de travailler d’où ils le souhaitent tout en leur permettant de bénéficier des avantages du bureau pour certaines tâches et interactions. Ce modèle hybride est d’ailleurs la tendance que l’on observe de plus en plus dans les entreprises françaises.
Savoir qui vient au bureau : le casse-tête des dirigeants
Cette flexibilité tant appréciée des salariés se transforme par contre en véritable casse-tête pour les dirigeants et les managers. Les entreprises françaises font en effet face à un défi de taille : comment gérer l’affluence au bureau tout en offrant des conditions de travail optimales ?
« Il faut qu’ils puissent les réunir dans un espace où il n’y a pas de surbooking parce qu’on a réduit drastiquement les surfaces de bureaux« , explique Frédéric Goupil de Bouillé, président de l’Association des directeurs immobiliers (ADI). La question n’est plus seulement de savoir si les salariés viendront au bureau, mais quand ils viendront.
Ce qui amène les dirigeants ou les gestionnaires d’espace à d’autres contraintes, proches de celles de l’hôtellerie. « Nous sommes dans la position d’un hôtelier« , résume Frédéric Goupil dans Les Echos. « Si vous avez 200 chambres, ce n’est pas pour qu’elles soient occupées deux jours par semaine. Nous ne devons pas nous retrouver avec des immeubles dimensionnés sur des pics de fréquentation. »
Si l’étude de JLL nous a révélé que le bureau restait le lieu privilégié pour les salariés français, elle montre aussi une réalité bien plus complexe. Entre les raisons culturelles, les défis managériaux et les coûts immobiliers, le choix du lieu de travail est loin d’être simple. Alors que le monde continue de s’adapter à la nouvelle normalité, une question demeure : le bureau restera-t-il le QG des Français dans les années à venir ?