Dépôt de bilan de WeWork : quel avenir pour les espaces de coworking français ?

WeWork, entreprise de mise à disposition de locaux et de services de coworking fondée par Adam Neumann et Miguel McKelvey
Le géant du coworking WeWork, face à une dette colossale, a récemment déclenché une onde de choc en annonçant son dépôt de bilan sous le Chapitre 11 de la loi américaine.
Une décision qui, malgré la promesse de continuité opérationnelle, sème l’interrogation sur l’avenir des 15 espaces de coworking que la firme détient à Paris. Cette situation révèle les vulnérabilités d’un modèle économique jadis florissant, aujourd’hui à l’épreuve de la réalité financière.
Le contexte français de WeWork : entre ambition et réalité
L’arrivée de WeWork sur le marché français en 2017 a été marquée par un élan d’optimisme et d’ambition. Avec l’ouverture de ses 15 sites exclusivement dans la capitale et ses alentours, le géant américain a rapidement pris une place de choix dans le paysage des espaces de coworking de Paris.
Portée par une vision d’espaces de travail luxueux et flexibles, WeWork semblait en parfaite adéquation avec les tendances émergentes du travail indépendant et des start-up en quête de flexibilité et de réseautage. L’entreprise américaine était même valorisée 49 milliards de dollars en 2019.
125 millions de pertes et un chiffre d’affaires en baisse
Pourtant, l’éclat initial a commencé à ternir face à une réalité financière moins reluisante. Les documents fournis à l’administration américaine montrent des passifs estimés entre 10 et 50 milliards de dollars. Le plan de sauvegarde visera à restructurer les dettes tout en maintenant l’activité de l’entreprise.
En France, la situation tant commerciale que financière n’est guère plus reluisante. Selon les données financières disponibles, WeWork a connu une baisse conséquente de son chiffre d’affaires en France, passant de 13,1 millions d’euros en 2021 à 10,6 millions en 2022, soit une chute de près de 19%.
Cette contraction des revenus, couplée à des pertes cumulées estimées à environ 125 millions d’euros sur quatre ans, a exposé la fragilité du modèle économique de l’entreprise dans un marché pourtant en pleine expansion.
WeWork ne met pas la clé sous la porte
Alors que l’entreprise promet la continuité de ses opérations à l’échelle globale, la communauté des coworkers et les acteurs économiques locaux demeurent dans l’attente des effets concrets de ce retournement de situation.
“Il est temps pour nous de nous tourner vers l’avenir en nous attaquant énergiquement à nos anciens baux et en améliorant considérablement notre bilan“, indique l’entreprise par la voie se son directeur général David Tolley.
Cette amélioration du bilan passera par la renégociation des baux d’un certain nombre d’emplacements dans le monde, voire à la fermeture des espaces les moins rentables. La France sera-t-elle concernée ?
Les concurrents locaux, tels que Station F, Nextdoor, ou encore Wojo, se trouvent face à une opportunité potentielle de capter une partie des clients de WeWork. Ces acteurs pourraient bénéficier de l’éventuel retrait ou réduction des activités de la firme américaine à Paris.
Le marché français du coworking se porte bien
En dépit des revers de WeWork, le secteur du coworking en France démontre un dynamisme et une capacité d’adaptation notables. Les dernières statistiques le confirment : selon une étude de Cushman & Wakefield reprise par Ubiq, le nombre d’espaces de coworking a progressé de 20% en 2022, avec un taux d’occupation qui frôle les 91%. Ces chiffres traduisent un engouement persistant pour des solutions de travail flexibles, répondant à une demande qui ne cesse de s’intensifier à l’ère du télétravail.
Le marché français s’est également agrandi en termes d’offre, affichant une augmentation de 27% de la surface dédiée aux espaces de travail partagés. Des acteurs de renom dans le secteur immobilier, comme Nexity avec sa branche Hiptown, La Française avec Wellcome, ou encore Icade avec Imagine Office, investissent dans la conversion de bureaux traditionnels en espaces flexibles, signalant une mutation profonde du marché.
Avec ces chiffres en main, il est clair que l’écosystème du coworking en France ne se limite pas à l’ombre de WeWork. Il est porté par une vague de croissance robuste qui pourrait le propulser vers de nouveaux sommets dans les années à venir.